Sortir du cadre ou le faire exploser, s’opposer au monde et prendre des libertés avec un destin tout tracé… La jeunesse se constitue en “bandes” et la critique se transforme en “mouvements”. Conjuguant arts vivants et pensée philosophique, le spectacle conçu par Camille Dagen au sein d’Animal Architecte s’attache à l’histoire mystérieuse de cette contre-culture, cette de mystérieuse l’histoire à s’attache, à ses aventures mouvementées et fragmentaires.

Au départ, il y a un livre : Lipstick Traces, de l’américain Greil Marcus, où le philosophe et rock-critic ausculte les révoltes culturelles du XXème siècle, les énergies critiques qui poussent à « arracher les pavés pour construire une piste de danse », à rompre avec un système individualiste pour s’inventer une trajectoire commune : l’art comme arme poétique et comme pratique de résistance. Pour s’emparer de cette histoire en partie clandestine, pétrie de rage et de rêves naïfs, de colères et d’envolées créatrices, de frustrations, d’échecs et de jouissance, Animal Architecte réunit ici sa propre bande de jeunes gens d’aujourd’hui. Leur spectacle, à la fois vif et hanté, violent et drôle, volontiers dissonant, se donne pour compagnons ces « bandes » du passé, dada, situ et punks, qui se forment, se défont, laissent des traces, des archives de bric et de broc, mais aussi des promesses et des défis, des dettes irrésolues courant d’une époque à l’autre … Une construction artistique hybride comme un collage Dada.